Ayiti chérie (suite)
Bonjour à tous! Ca fait plusieurs mois que je n’ai pas vraiment écrit sur le
blog…
Le temps d’avaler qqs longues
journées de boulot, le temps aussi de digérer les bons moments, et ceux plus
difficiles, le temps de vivre au rythme d’ici.
Alors aujourd’hui parlons un peu
d’Ayiti. On vous montre souvent de très belles photos, on raconte tous les bons
moments que l’on passe ici. Au point que tout le monde commence vraiment à
mélanger Haïti et Tahiti ! Tout ce qu’on a dit, tout ce qu’on a montré est
vrai. Nous prenons volontairement le contre-pied des médias qui ne montrent
Ayiti que comme un pays en ruine, qui ne comprennent rien à l’histoire de ce
pays, à ce qui s’y passe réellement et qui en oublient toutes les richesses.
Après plus d’un an ici, il est quand même peut-être temps de parler d’Ayiti
avec un minimum de recul et d’objectivité.
Ayiti, pays si paradoxal, pays où
d’une journée à l’autre, tous les visages peuvent vous paraître souriants, puis
fermés, méfiants… Pays où on se lève le lundi avec une pêche d’enfer, des
envies de déplacer les montagnes, tant d’idées et d’espoir… Pays où le mardi on
se lève le cœur serré, certain que rien ne va changer, tout va empirer.
Ayiti, pays aux 8 millions
d’habitants, grand comme la Bretagne, pays de la musique racine, pays peuplés
d’artistes, pays des tambours et du vaudou, pays de cette si belle langue
créole, pays aux milles mangues, pays
aux milles fruits, cultures vivrières, pays de l’agriculture, de la terre, pays
des Caraïbes, pays de la résistance où les premiers ils ont su se lever et
renvoyer ces criminels de colons chez eux, pays où il suffit de dire bonjour
pour voir un visage s’illuminer.
Ayiti, pays de la misère, de la
souffrance, de l’élitisme, société déchirée, pays des paysans qui vivent ‘en
dehors’, pays des frimeurs en grosse voiture de la ville, pays des désespérés
des bidonvilles, pays des kidnappeurs de Port au Prince, pays où la politique
fait mal, de la politique mafia, de la politique qui manipule, frappe, tue.
Pays si fier mais si écrasé par les règles du jeu international, pays des
professeurs d’écoles sachant à peine lire et écrire (à la campagne), pays frustré,
pays du peuple qui n’a jamais vraiment trouvé la liberté pour laquelle il s’est
battu.
Politique criminelle, politique
qui manipule les foules, politique qui a tout intérêt à ce que rien ne change
pour continuer à marcher sur la tête des autres… Et ça fait 204 ans que ça
dure. Depuis l’indépendance, jamais aucun président ou gouvernement
progressiste n’a vraiment changer les choses. Pourquoi construire un système
éducatif solide quand il est si facile de faire avaler n’importe quelle pilule
à quelqu’un qui ne comprend rien à tous les beaux et grand mots que vous
utilisez…
Les techniques d’aménagement existent,
nous essayons toujours d’adapter des mesures de protection environnementale à
la possibilité d’une amélioration des revenus des paysans : structures de
conservation des sols biologiques (qui apporte une production rapide :
fourrage, ananas, cannes à sucre…), reboisement avec des espèces très
rentables, valorisation et intensification des terres à bon potentiel agricole…
Il ne faut pas oublier que la population augmente, et que la production
agricole diminue… La problématique est là : augmenter la production tout
en garantissant des systèmes de production durables. Mais finalement cela ne semble
pas le plus difficile, techniquement parlant.
Le véritable défi tient à la
réelle appropriation, participation de la population à la mise en place de ces
activités, comment développer un consensus au sein de la population, et par
tous les acteurs par rapport aux aménagements proposés, et à leur localisation.
Comment assurer que l’Etat joue enfin son rôle indispensable vue l’ampleur des
problèmes et les surfaces mises en jeu ? Puisqu’il n’y a pas d’état en
Haïti, puisqu’il y a un besoin urgent de maîtriser et d’aménager le territoire,
la démocratie locale prend ici tout son sens, à travers la constitution du
mouvement social de CROSE et à travers l’outil qu’on a déjà développé : la
maquette en 3D dont j’ai déjà longuement parlé. Donc on avance… Lentement, mais
on avance.
Et donc au début du mois de
juillet, on va construire une deuxième maquette, cette fois-ci pour le grand
bassin de 500 km², à Jacmel, où on pourra enfin parler avec les responsables
des ministères, les représentants de l’Etat, qui refusent de marcher pour
arriver jusqu’à Michineau (où l’on travaille) et ailleurs. On pourra enfin les
mettre face aux organisations paysannes dont le réseau quadrille le
département, on pourra enfin les mettre face à leurs responsabilités…
En attendant reste à construire
une maquette de plus de 4 m de long, et 3 de large… Le résultat devrait quand
même en jeter…
Donc voilà le quotidien au
boulot : des réflexions et choix techniques, du dialogue, de la
planification, de la coordination, des budgets, des prévisions... Le tout au
rythme des saisons agricoles… C’est bien évidemment passionnant, épuisant, mais
l’espoir est là, surtout quand cet espoir est porté dans tout le département
par des gens sincères et motivés (ce n’est pas le cas de tous à CROSE, mais il
y en a quand même beaucoup). Mais demain, il faudra faire avec les retards,
l’hypocrisie de certains, les problèmes du voisin qui doit se faire opérer pour
la troisième fois (pour plus de 4000$US, sans couverture sociale..
heureusement, il fait partie des quelques chanceux qui arrivent à s’en sortir
ici…) et la confrontation avec tous les problèmes précités et les autres…
Flo
Bonjour!
Je prends la relève pour la partie illustrée! Aujourd'hui, le thème est "fruits et animaux"!!
Je vous montre les arbres fruitiers qu’on a dans notre jardin. Les
fruits qui ont le même nom que chez nous n’ont pas du tout le même goût. Pour
les oranges, on en a deux sortes. La photo montre les rondes mais il y a aussi
les ovales et je ne me rappelle jamais lesquelles sont douces et lesquelles
sont amères. On fait du jus avec, comme
pour les cerises. Je ne les mange pas comme ça. Sur la photo vous verrez que le
cerisier ne produit pas en ce moment, on ne voit que deux cerises. Puis on a le citronnier qui nous donne
plein de citrons verts qui servent surtout pour le rhum !! Enfin pour flo, moi j'en fais du jus! Et enfin le
manguier. On ne sait plus quoi faire des mangues ! Il y en a au moins une
dizaine qui tombe par jour. On en mange certaines mais bon, au bout d’un moment
ça devient plus trop bon pour les intestins si vous voyez ce que je veux
dire ! Alors on en file aux gens, aux voisins, flo en apporte au bureau.
Je vous montre aussi une photo d’un des lézards
qui trainent souvent à la maison, et d’un papillon énorme. Tellement gros que
même si c’est qu’un papillon, il m’a fait peur ! Il y en a plein de sortes différentes ici et souvent très colorées.
Je vous embrasse.
A bientôt ! (J-39)
marlène.