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flo et marlène en Haïti
3 mars 2008

Un peu de tout

Bonjour à tous !

Aujourd’hui, rien de spécial à raconter. J’ai juste envie de mettre noir sur blanc des remarques que je me suis faites à propos de choses diverses.
Enfin, d’abord, je vais commencer par apporter des détails sur mon travail parce que lors des vacances de Noël, beaucoup de personnes m’ont posé des questions et ça m’a fait réaliser que je n’avais pas été claire. Donc  je donne des cours dans 3 établissements : 2 collèges (on appelle ici collège les établissements privés, ils vont de la 7ème année à la Philo, c’est-à-dire de la 6ème à la Terminale _ les établissements publics sont appelés lycées). Je donne des cours de Français aux 7ème et 8ème années (6ème, 5ème) au Collège « Interfamilia » (une des plus mauvaises écoles de la ville…) ; des cours d’Anglais à la classe de Philo (terminale) du Collège  « La Trinité » ; et je travaille aussi à l’UNDH _ Université Notre-Dame d’Haïti _, fac des Sciences Administratives. Au premier semestre, j’y donnais des cours de Français et d’Anglais aux étudiants de 1ère année mais au second je ne dispense plus que les cours de Français. Ne vous méprenez pas : il n’y a aucune gloire à retirer du fait de travailler dans une université car les étudiants ont un niveau collège…
Dans le secondaire, les cours commencent à 7h et se terminent à 13h. Heureusement je n’ai pas de cours dans la tranche 7h à 8h !! Mes premiers cours sont à 8h, je dois me lever à 6h30 comme on habite en dehors de la ville. Il faut compter 15-20 min de tap-tap (ça dépend combien d’arrêt il fait, si la voiture est vieille, si une marchande veut monter et qu’il faut charger sa dizaine de gros sacs lourds de fruits et légumes !!), plus 2-3 min de moto taxi pour aller de la station de tap-tap à l’une des 3 écoles.
Voilà, voilà !

Je change de sujet, pour passer à un truc moins sympa… Il arrive très souvent de voir des gens amputés d’un de leurs membres. Des très jeunes comme des très vieux. A chaque fois, ça t’envoie la réalité en pleine face. Ce sont les conséquences concrètes d’une vie où les gens n’ont pas accès aux services de bases, notamment aux services de santé. J’imagine qu’une jambe cassée, qu’un bras cassé ou qu’une infection peut vite dégénérer, et la prothèse est une technique bien trop avancée et coûteuse pour avoir sa place ici…

Ce qu’on voit souvent aussi, ce sont des gens atteints d’albinisme. Je me rappelle qu’une fille de mon collège était albinos mais c’est la seule que j’aie vue de toute ma vie. Ici, c’est fréquent d’en croiser dans la rue. Comme c’est une anomalie de pigmentation de la peau et que les noirs ont une pigmentation particulière qui fait que la peau se colore différemment, peut-être que les populations noires y sont plus exposées. Et puis comme c’est congénital et héréditaire, et que nous sommes sur une île où il n’y a pas beaucoup de métissage... Parmi les gens du corps médical qui lisent notre blog, si vous avez des réponses à m’apporter, je suis preneuse !

Quand nous sommes arrivés dans la maison, nous étions rattachés au service d’EDH (électricité d’Haïti) de Jacmel. Ils produisent du courant à l’aide d’une sorte de grosse génératrice qu’il faut approvisionner de gaz (entendez par là essence). Donc les coupures de courant pour faute de rupture de gaz peuvent être régulières ! Aussi, ils fournissent et ne fournissent pas un peu comme ils veulent. Normalement c’était de 14h à 6h du matin, mais c’était rarement le cas. Surtout s’il y a des championnats de foot et qu’il faut économiser du gaz pour pouvoir alimenter toutes les maisons à l’heure des matchs ! Enfin quand l'Argentine ou le Brésil joue. Ici, on est soit pour l'un soit pour l'autre. Je vous laisse imaginer quand les deux équipes s'affrontent! Bref. Il y a quelques mois, le barrage à une dizaine de kilomètres de chez nous a été réparé et a commencé à nous fournir de l’électricité 24h/24h. C’est le pied !! On s’y habitue trop. Mais voilà que depuis quelques semaines, ça recommence à déconner grave. On a du courant que quelques heures par jour et bien sûr pas du tout au moment où on en a besoin, ou alors pas de courant du tout. C’était trop beau pour durer, on aurait dû s’en douter. On est bien dégoûtés… Corriger mes copies à la lumière de la lampe à huile, j’adore !... Ces derniers soirs, on jongle entre nos deux ordinateurs pour pouvoir regarder nos épisodes des Sopranos !! Quand l’un n’a plus de batterie, on allume l’autre ! Il faut dire aussi que c’est la saison sèche et que la pluie se fait très rare. D’ici le mois prochain, ça devrait aller mieux. L’espoir fait vivre !

Je reprends ce message une semaine plus tard. Il semble y avoir plus de régularité dans le courant, ils le donnent le soir vers 17h/18h… en semaine du moins. Nous n’en avons pas eu durant les deux derniers week-ends. Mais cela s’améliore car au moment où je vous écris, nous sommes samedi, il est 16h13 et nous avons du courant depuis 2 heures.
Flo est au bureau. Toujours autant de travail. Moi, je m’informe ! Je lis le Courrier International dont le dossier de la semaine porte sur Barack Obama. Ça me fait revivre un peu de l’espoir que j’ai ressenti pendant la campagne française. Après la Ségosphère me voilà enrôlée (à distance) dans l’obamania comme ils disent outre-atlantique!!! Et si les Américains font le bon choix, nous serons définitivement la risée de la communauté internationale. Au revoir à « qu’ils sont cons ces Américains » et bonjour à « qu’ils sont cons ces Français » !!…

Sur ce, à la prochaine !!

Portez-vous bien.

marlène.

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