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flo et marlène en Haïti
11 août 2007

Que estoy haciendo? Voy al Nicaragua!!

Parait que je donne plus de nouvelles et que je n'écris plus.. Ben voilà 3 longues pages bien tassées pour les plus courageux..

Après plus de 3 mois ici, je me lâche. J’espère qu’après ça vous aurez une meilleure idée de ce que je fais ici…

D’abord, quelques mots sur la situation dans le Bassin Versant De Fond Melon (autrement appelé Michineau) où on a démarré notre projet et qui compte environ 10 000 habitants.

La première fois qu’on arrive à Michineau, on est frappé par la beauté de la zone, et par la gentillesse des gens. Leur sourire ne laisse pas présager des difficultés au quotidien.. Mais lorsqu’on passe du temps avec eux.. il y a bien des moments où les sourires s’effacent, car n’ap pase misè (on vit dans la misère). Par contre on continue à rire de tout et de rien.. car le rire est salvateur.. Plus les problèmes sont graves, plus on rit fort…

D’abord les voitures, motos ou autres engins motorisés n’arrivent pas à Michineau. A seulement 15 km de la ville de Jacmel, Michineau est au bout du monde. On se fait déposer en voiture, puis c’est parti pour 2h heures de marche avant de rentrer dans le bassin versant. Pour atteindre les zones les plus reculées, il faut encore compter 2 bonnes heures de marche à travers des ‘wout kabrit’ comme ils disent ici, soit des sentiers de chèvres.

Donc oui Michineau est une zone magnifique, mais tellement isolée.

Dans toute la zone où l’on travaille il n’y a qu’une école publique, payante quand même et en ruine, qui prend l’eau à la moindre averse, aux tableaux et bancs bien trop poussiéreux. Il y a bien quelques 4 ou 5 écoles privées, mais dans le même état. Partout les enfants s’assoient à 10 là ou on s’assœirai à 3, sous les toits en tôle et des températures plus qu’étouffantes.  Peu de professeurs ont le niveau de terminale, et beaucoup n’ont pas le niveau de 3ème. Et les familles se ruinent pour envoyer leurs enfants pour recevoir une éducation assez calamiteuse. L’autre jour des enfants me confiaient devoir faire 3 heures de marche à l’aller et 3h au retour pour aller à l’école. Rien d’étonnant pour à ce que seulement 30% des enfants en âge d’être scolarisé le soit.

Il n’y a pas un seul dispensaire, il y a qu’une infirmière pour les 10 000 habitants qui vient donner quelques soins une fois par semaine, sinon il faut trouver un moyen de descendre a la ville de jacmel… où un patient est mort la semaine dernière à cause d’un médicament plus que périmé.  Heureusement que les hougans, maîtres vaudous, assurent aussi le rôle de ‘Docteur feuille’, et comme leur nom l’indique dispense une médecine traditionnelle à base de plante…. Mais une médecine qui ne peut pas tout et pour les urgences… ben il ne faut pas qu’il y ait d’urgence..

Il n’y a pas de marché, ce qui oblige les femmes plusieurs fois par semaines à aller échanger quelques vivres dans les marchés les plus près à 2 ou 3 h de marche, avec des charges bien trop lourdes sur la tête. Ceux qui ont une mule ou un cheval sont bien contents.

Pas de routes, pas de marchés, pas d’écoles en états, pas de dispensaires.. Je vous parlais de l’Etat haïtien exsangue..

Au niveau agricole c’est pas la fête non plus. Face à la misère ambiante, les gens coupent des arbres pour faire du charbon, ce qui leur rapporte un minimum de revenus.. Seulement couper des arbres en zone montagneuse provoque de gros problèmes d’érosion, les racines ne maintiennent plus le sol, la couverture arborée ne protège plus de la battance des pluies.. La croissance démographie importante (absence totale de moyen de contraception) demande des terres supplémentaires pour que chaque famille puisse cultiver un lopin de terre… Les zones les plus pentues sont déboisées aussi…. L’érosion importante provoque un appauvrissement des terres en quelques années seulement, jusqu'à disparition complète du sol qui laisse la roche paraître à nue. Les gens ont de moins en moins de revenus.. et coupent des arbres.. l’érosion s’accélère, les rendements diminuent.. les revenus diminuent, on coupe des arbres..

Bref la première fois que l’on arrive à Michineau, la zone est plutôt belle, les gens accueillant, on dirait presque que le cadre est charmant.. Mais à force de partager le quotidien des gens là-haut, on se rend compte sans exagération de la misère ambiante, et de l’attente énorme des gens vis-à-vis du projet.. attente que l’on sait par avance ne pas pouvoir combler entièrement…

Mais que fait-on alors concrètement dans notre projet :

D’abord il ne s’agit pas de voler au secours de petit nenfants qui n’ont rien. D’ailleurs au passage je n’aime pas trop le terme d’humanitaire qu’on entend souvent dans le milieu des ONG… Il a un coté un peu trop fleur bleu.. Et puis non, on arrive pas avec un baguette magique sortie tout droit de la France pour sauver les pauvres gens et la planète.

Notre travail est simplement le lien entre 2 choses :

            -Des besoins. Les populations rurales des pays du Sud sont souvent très défavorisées..

            -Des compétences et des techniques développées au fil des ans, dans de nombreuses disciplines scientifiques, économiques, sciences sociales… et surtout sur le terrain.

A partir de l’identification des besoins, et des techniques disponibles, on élabore un projets avec des objectifs précis.. et on essaie de le mettre en œuvre. C’est donc une démarche que l’on veut professionnelle.

Et donc à partir des problèmes et des besoins identifiés à Michinot, surtout dans le domaine agricole et environnemental, plusieurs activités ont été proposées en partenariat avec des organisations paysannes déjà présentes dans la zone.

Ils s’agit principalement de :

Traiter et restaurer les ravines

Reboisement avec des essences à caractères économiques

Greffage pour amélioration des variétés fruitières

Aménagements anti-érosifs dans les champs.

Développement d’une activité d’élevage (volailles et chèvres principalements)

Renforcement des organisations paysannes de la zone pour qu’elles soient mieux à même de défendre leurs intérêt et développer des activités par eux-mêmes.

Renforcement des mutuelles de solidarités présentent dans la zone.

Prêt de microcrédit à travers ces mutuelles de solidarité

Appui aux initiatives de diversification et de transformation/ conditionnement de produits agricoles pour des marchés porteurs (comme des confiture de mangue…)

Intensification de la production : engrais vert, amélioration fumier, compost, engrais bien dosé… mais aussi travail sur les méthodes de culture pour conserver les sols et leur fertilité.

Construction et appui au développement d’une boutique d’intrant agricole

Création d’un comité de gestion des risques et des désastres pour la prévention en cas de cyclone.

On attend aussi la réponse pour un financement complémentaire pour la construction d’une école et la formation de professeurs..

Et tout ça pouvant se décliner de multiples façons..

Mon rôle à moi est d’aider à la planification, aux choix des méthodes de travail, au suivi des activités et de créer avec les organisations paysannes des outils pour qu’elles puissent élaborer elles même leur plan de développement et coordonner les activités. Pour cela on fait appel à des méthodes de cartographie participative.. Il s’agit en fait de représenter sous forme de carte la connaissance que les gens ont de leur territoire et de leur environnement, surtout en ce qui concerne les ressources naturelles. Car s’est bien la que se trouve la connaissance de la zone.. dans la tête des habitants locaux.. Cartographie participative veut dire que les gens de la communauté participent à la création mais surtout à l’analyse et à l’utilisation de ces cartes.

C’est dans ce cadre que je pars deux semaines en formations au Nicaragua, afin de suivre une formation sur la construction de maquette en 3 dimensions. A mon retour on construira donc ce type de maquette dans le bassin versant. La 3ème dimension, par rapport aux cartes en 2D est beaucoup plus parlante. L’aspect sensoriel, visuel et tactile, permet à tout le monde (même aux analphabètes) de se repérer et de comprendre la maquette.. Ainsi cette maquette représentera principalement l’utilisation actuelle des ressources naturelles de la zone, et les problèmes liés.

Le but étant bien que les organisations paysannes possèdent un outil pour décider et orienter eux même leur développement..

Bon voilà, c’est long, c’est dur… mais pour ceux qui sont allés jusqu’au bout, vous êtes au courant, je m’en vais 2 semaines au Nicaragua.. Marlène ne vient pas avec moi sachant que c’est un voyage professionnel… Ce qui est quand même relou car on passe un peut trop de temps séparé..

Enfin à mon retour je pense que je mettrai quelques photos sur le blog..

En attendant, bises à tous et portez vous bien.

Flo

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Commentaires
B
salut les loulous !<br /> et alors c'est ça tes trois pages ? c'te blague,j'ai mis 2 min à les lire...mais nous on veut du sang, de la sueur, des cris, des larmes du vécu bordel on veut chialer !!!! Au fait c'est mon anniv dans une semaine, et comme Réchède, je suppose que vous avez une super excuse pour pas venir...<br /> Allez bon cyclone !<br /> la bise<br /> <br /> Ben
A
ben bien heureux de voir enfin comment tu travaille. Je viens de retrouver une connexion net après vacances en espagne avec ma douce..<br /> comme souvenirs de cette belle fête de mes 30 ans, il y en aura beaucoup, mais une image reviens sans cesse, l'arrivée de Reine, la mère de Nico, alors qu'elle n'était pas sortie de chez elle depuis 1 an... Beaucoup de larmes tu t'en doutes.<br /> Depuis je suis sur un petit nuage évidemment, et je prépare furieusement arbitrage et rentrée à la fac.<br /> Rachida m'accompagne dans mes pensées pour vous 2.<br /> Bon vent sous vos latitudes.<br /> Amo
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